Diaboliques armoire

J’avais sept ans et mes repères  
N’étaient plus comme ceux d’antan…
Les yeux noisette de ma mère
Et son sein rose m’allaitant…

Comme je venais de renaître
Fier, d’avoir, l’âge de raison
J’avais envie de me connaître
En faisant des comparaisons

Comment étais-je, davantage
Un Adonis qu’un laideron ?  
J’avais grand soif de mon image
Sans l’étancher au biberon…

Etais-je bâti en athlète
Musclé comme un lanceur de poids  
Ou taillé comme une arbalète
Sans la fléchette au bon endroit…

Au moins je savais qu’à mon père  
Je ressemblais lorsque maman  
Me l’assénait l’air en colère
Et pas l’air d’être un compliment…

Bientôt si j’ai bonne mémoire
Je vis pour la première fois
Devant la glace d’une armoire
Quelqu’un qui devait être moi…

En nous voyant je pris conscience
Qu’il me fallait être plus fort    
Plus grand pour inspirer confiance  
Et plus âgé, ce fut le tort !..

Très vite adolescent, adulte,
Brûlant les étapes du temps
Je connus le stress, le  tumulte,
Et le « burn out » l’anticipant

Aujourd’hui, qu’irréconciliable
Avec l’armoire au souvenir  
Je suis convaincu que le Diable
Etait dedans pour m’y mentir ?