Désir et Musique

Les frissons du désir, enfants de la musique,
Submergent un esprit et s’enflent dans nos chairs
Comme un orage empli de spasmes électriques.
La vague énorme semble emporter par les airs

Le cœur que transporte son élan pathétique,
Soudain précipité en de lointains éthers.
Et dans un océan de rayons prismatiques,
Il s’ébat, quand frappé d’innombrables éclairs

Qui s’abattent sur lui, foudre accusateur,
Leur éclat le soustrait à cette apesanteur.
Alors, pareil à l’oiseau transpercé d’un trait,

Fracassé contre la berge en mille explosions,
Se débattant parmi d’affreuses convulsions,
Son battement se meurt ainsi qu’un menuet.

Joël Gissy

Poème extrait du recueil Ouroboros :
http://www.joelgissy-poesie.com/Ouroboros.html

Excellent sonnet. Certes le cœur y endure des épreuves. Or qu'il cesse de battre après l'audition d'une symphonie de Bruckner ou de Sibelius, je ne puis l'admettre. Il sort de cette audition enrichi. Mais les images sont romantiques (et le romantisme n'est-il pas de tous les mouvements littéraires le plus inspirant et le plus faste ?) de ce cœur comparé à l'oiseau, des éclairs qui le frappent, de la flèche qui l'atteint... Vive la poésie dont si souvent comme ici les contraintes débouchent sur la Beauté.

Là où suffisaient le chant des oiseaux, le souffle du vent, le cours d'un torrent, il a fallu trouver un fémur puis quelque chose pour y percer trois trous pour en arriver aujourd'hui à toute une batterie d'ordinateurs, de sonos, de prises électrique et de filasses! Les musiques primitives étaient des scies qui tournaient en boucle(comme souvent les musiques orientales ou la techno aussi) jusqu'à la transe(ou l'assassinat des musiciens)!
Le désir,lui aussi,en devenant de plus en plus futile, "volatile", est devenu de plus en plus difficile à extraire au point d'en devenir l'énergie la plus polluante de la planète.
Aucun des deux n'est une invention de l'homme, ils sont les chemins vers la source et, ne sommes nous pas les enfants du chaos?!