tranche de vie ou qu'est ce qu'une saine indignation

Là, tout de suite, à l'instant présent, je me pose une question fondamentale : c'est à dire, importante, cruciale et de bon aloi : qu'est ce qu'une saine indignation ? Suggestive à souhait cette question cependant mérite qu'on s'y intéresse un peu. Est il juste de s'indigner parce que ce matin je n'avais pas assez de beurre pour ma tartine ? Bien entendu, à proprement parlé et personnellement, je dirai que oui . Il me fut douloureux de déjeuner au pain sec, et je suis persuadée que la majorité des habitants de Navarre savent de quoi je parle mais s'en contre balancent, et je les comprends. Est-il juste de s'indigner parce que ce soir je ne pourrais point me rendre à la fête de la musique, vu que je bosse et que les musicos ne vont pas attendre après ma petite personne ? Une fois de plus, je tendrais à dire oui, parce que je suis bon public et qu'ils ratent mon enthousiasme. Est-il raisonnable de s'insurger contre l'eau de la piscine légèrement trop fraîche au goût de mes progénitures blasées ? Ah que oui, diraient-ils si je daignais leur poser la question. Chose que je ne fais pas puisque je connais leur réponse d'avance. Est-il normal de s'offusquer contre le clébard des voisins, qui se croyant tout seul, se permet d'aboyer non stop contre le vol des abeilles, les montgolfières, les cerises qui tombent nonchalamment du cerisier, les merles qui batifolent et le hérisson aventurier qui pointe son museau fureteur dans la tiédeur de fin de journée ? Ben oui... est-il adéquat de s'indigner contre le gazon qu'arrête pas de pousser, contre le bananier qui veut pas donner de régime, contre les figues qui font « ploch » en tombant comme des sacs sur l'herbe haute, contre le lézard qui s'est paumé dans le salon et qui ose se vautrer sur le canapé, il lui manque plus qu'un verre de perrier avec paille, dis, et on le croirait presque installé comme chez lui, contre le chien qui fait ses crocs sur le hamac quand l'absence de ses maîtres se fait sentir, contre les chenilles de pyrale qu'ont bouffé toute la haie de buis qui ne ressemble plus à rien, sauf à un cadavre de haie de buis, contre les fuites d'eau , les araignées qui piquent, les chats qui miaulent, les ronces qui t'arrachent un lambeau de peau quand t'as le malheur de passer trop près, le ciel gris quand t'as prévu un pique nique au bord du lac, les voisins qui font semblant de tailler la haie quand tu rentres chez toi et à qui tu dois dire 3 mots histoire de pas être trop mal polie alors que t'as qu'une envie, c'est de rentrer chez toi et de foutre tes pieds en l'air dans le hamac, les tuyaux d'arrosage trop courts sur lesquels tu tires en croyant qu'ils vont s'agrandir comme par miracle pour atteindre le bout de potager là bas tout au fond, les champignons entre les orteils, le pain pas bon que t'as acheté chez le boulanger en pensant qu'il serait frais et craquant, le vins rosé pas assez frais...Alors ? Est ce que cette liste non exhaustive semble être une saine indignation ? Parce que quand même c'était la question de départ , je vous en laisse juge. Quant à moi, je dirai, que tant que ce ne sont que ces questions rhétoriques qui travaille le peu de cervelle qu'il me reste, je suis à même d'affirmer que la vie n'est pas belle, elle est absolument magnifique.

Il y a encore beaucoup de potentiel
Pour ce qui est jugé comme "peu de cervelle".

Merci pour cette lecture.

Romantimide a écrit:Il y a encore beaucoup de potentiel
Pour ce qui est jugé comme "peu de cervelle".

Merci pour cette lecture.

merci Romantimide...eten plus, votre commentaire rime.... superbe!

Sur base de l'Instant où la lecture m'est plaisir(s),
Je ne peux négliger les urgences de vous l'écrire.

Romantimide a écrit:Sur base de l'Instant où la lecture m'est plaisir(s),
Je ne peux négliger les urgences de vous l'écrire.

superbement dit. merci