Vieux jardin (Jardinage)

Les fleurs anéanties, au pourpre de la nuit, cachent dans leurs soleils les feuilles évidentes aux longues jupes courtes des filles de la mer qui dansent en fumerolles au vin des dieux vilains coiffés avec des pignes et aux barbes d'oursin.
Compagnon de misère, flibustier aux abois, écoute la chimère qui siffle sur les toits.
L'ouvrage est anodin, il ne ressemble à rien, pourtant sous les figuiers dorment les hirondelles comme des champs d'oiseaux sous des armes secrètes.
Paysan aux labours écoute la chanson des enfants du dimanche qui perdent leurs culottes comme des cygnes blanc sous l'ogre des montagnes courant à perdre haleine sur des moutons de joie.
Voilà la fière Elise, belle comme un couteau.
Comme un panier d'orages passent de grands garçons aux carnes pourries depuis déjà longtemps. Eternelle souplesse des crampes de l'ennui qui s'ouvrent en pleurant sur des sourires morts; caveau des étendoirs.
Voilà les poules d'eau escortées d'éléphants et de chandelles bleues!
Ô feu de la mémoire! Miroir aux andouillettes! Fleuriste des beaux jours pointant du doigt l'enclume! Carapate essentielle! Tortue des épagneuls! Brosse à dent des lanternes et des mèches mouillées!
Il est une contrée, en travers du chemin, peuplée d'escarpolettes et de fils électriques.
Un sifflet de gendarme apporte une bouteille à la tuile endormie sous la vigne pucelle.
Ainsi s'ouvre le monde sur une étrange veine qui fuit la ménopause et les dents de sagesse, comme l'épingle à linge fuit les crocs du râteau.
Une pelle Vissol ramasse les débris d'un crâne qui pensait pouvoir dormir tranquille.

D'abord découragée par la longueur des premiers vers (je l'avoue tête basse) je reviens en me forçant à lire plus doucement. Et les phrases m'accueillent enfin, bras ouverts et généreux en images tantôt à sourire tantôt à grincer des dents.
Le tout, je l'aime bien.

Vous êtes toute pardonnée!
Ce texte est une escroquerie! :-)

Ça balance bien, comme la ramure ou l'ara mûre (voir le rat) sous le caprice flemmard d'un ventelet qui se gratte le nord aux épines... Toujours cette faculté d'imprévisible ubiquité ! Piochons donc sous le rhododendron... ;-)•

Dans un jardin, toujours penser à planter deux arbres de telle sorte que l'on puisse tendre un hamac de façon à dormir comme un sauvage!

un jardin oú poussent des fleurs rebelles à la lumière et des buissons de phrases qui comme des ronces accrochent la conscience et la peau du coeur,,,,
J'aime cette liberté de langage sans compromis et ce fond de tasse qui laisse un goût âpre comme un thé de mille ans...

J'aime ce jardin indocile qui jacasse comme un philosophe

Tu aurais pu présenter ce texte en vers tant il est bien rythmé.
Très visuel aussi. Descriptions sans doute indispensables pour nous parler d'un jardin. Ce que tu nous montres, nous ne l'avions vu que très rarement, voire pas du tout. C'est magnifique.

"...Elise, belle comme un couteau". Ah, je t'envie cette trouvaille !